En hausse dans le monde de l'après covid, le burn-out reste mal compris malgré plusieurs siècles d'histoire.
Phénomène connu depuis le 18e siècle, l'expression burn out apparaît en 1969 pour désigner un syndrome d'épuisement.
La nouveauté, c'est qu'on en parle.
La nouveauté, c'est sa fréquence.
La nouveauté, c'est l'urgence de soigner dans un monde en quête de productivité comme de sens.
Portrait d'un stress à son comble.
Si ce portrait vous est familier ; n'attendez pas pour désamorcer les tensions.
Au sommaire :
1. Comprendre : aux origines du burn-out
- Stress chronique
- Situations à risque
- Au travail : le burn-out, un syndrome d'épuisement professionnel
- À la maison : le burn-out maternel ou burn-out parental
2. Prévenir
- Détecter les signes
- Déjouer les a priori
- Symptômes contagieux
3. Accompagner
- Rôle de l'entourage
- Diagnostic, traitement et prévention
1. Comprendre : aux origines du burn-out
Le burnout est l'aboutissement d'un processus complexe qui va jusqu'à l'épuisement complet de l'individu.
Il peut être sous-estimé du fait de différences de perception entre les individus et d'une méconnaissance de la physiologie du stress.
Stress chronique
Face à une agression subie, l'organisme réagit en diffusant des neurotransmetteurs et des hormones qui jouent le rôle de messager.
Les messages reçus par le système nerveux permettent à l'organisme de réguler, notamment, l'attention, la mémoire, le sommeil, l'humeur, le cœur.
Ce processus d'adaptation préserve l'organisme du danger à condition que le danger soit de courte durée.
Quand le stress devient répété ou continu, l'organisme souffre d'être trop sollicité et s'épuise.
Le stress chronique cause différents symptômes. Parmi lesquels :
- des symptômes physiques : fatigue permanente, tensions, douleurs musculaires, maux de tête, maux de ventre, insomnie, sensation d'oppression ;
- des symptômes émotionnels : instabilité d'humeur, anxiété, crises de larmes, excitation, angoisse ;
- des symptômes psychiques : troubles de la concentration, pertes de mémoire, incapacité à prendre des décisions.
Ces symptômes sont similaires aux effets du burn out, ils peuvent le précéder mais le burn-out va plus loin que le stress au travail.
Situations à risque
Les candidat-e-s au burn-out réunissent une ou plusieurs de ces conditions :
- implication élevée ;
- surcharge de travail ;
- manque d'autonomie ;
- reconnaissance insuffisante ;
- conflits de valeur ;
- tensions relationnelles ;
- insécurité financière.
Le burn-out n'est pas seulement la conséquence du stress prolongé.
Les spécialistes décrivent un état d'épuisement global (émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations émotionnellement exigeantes.
Ce n'est pas qu'une question de quantité de travail.
La qualité des conditions de travail, des relations, les valeurs partagées, l'autonomie et la reconnaissance ont une place déterminante.
Le burn-out interroge notre humanité dans sa quête de sens et d'épanouissement.
Au travail : le burn-out, un syndrome d'épuisement professionnel
Le burn-out apparaît avec la perte de sens et/ou de lien humain dans un environnement de travail exigeant.
Bien qu'il ne soit pas considéré comme une maladie, le burn-out inquiète du fait de ses conséquences pour l'individu et la société.
L'épuisement typique du burn-out n'est pas sa seule caractéristique :
- l'épuisement est la première manifestation du burn-out avec une grande fatigue que le repos ne suffit plus à résorber ;
- le cynisme qui apparaît ensuite vis-à-vis du travail, isole l'individu et "déshumanise" un peu plus le travail ;
- la dévalorisation de soi et une perte du sentiment d'accomplissement professionnel se manifestent enfin.
Dans les cas les plus graves, l'individu peut ne jamais reprendre son travail et devoir changer d'entreprise ou de métier.
La prévention est d'autant plus essentielle que le burn-out est "contagieux" comme nous le verrons plus loin.
L'analyse et la réduction des risques psycho-sociaux (RPS) dans les entreprises va complètement dans ce sens.
À la maison : le burn-out maternel ou burn-out parental
Moins connu, parfois tabou ; le burn-out maternel fait l'objet de quelques publications scientifiques depuis les années 2000 et d'une présence grandissante dans les médias.
Burn out : le mot est fort.
Fort mais cohérent avec la 2e cause de mortalité maternelle en France : le suicide.
Loin de l'ambiance douillette des baby shower, des magasins de puériculture et autres civilités périnatales, il y a les nuits sans sommeil et la vie qui bascule sur fond de société schizophrène.
Être parent c'est du travail, de nouveaux enjeux, le salaire et la reconnaissance en moins.
Tous les ingrédients sont réunis : une charge de travail augmentée dans une situation émotionnellement exigeante.
Avec un bonus bouleversement hormonal pour les jeunes accouchées et les mamans allaitantes.
Les parents en burn-out parental s'épuisent, submergés par leurs responsabilités parentales, ils perdent leur équilibre personnel et n'arrivent plus à gérer leur vie familiale comme ils le souhaitent.
Heureusement, le burn-out n'est pas une fatalité. La prise de conscience par les intéressés et leur entourage est déterminante.
Parmi les facteurs de risque :
- une répartition des tâches insuffisante ;
- un idéal parental élevé ou inatteignable ;
- l'absence d'un des parents ;
- un enfant malade ;
- l'état de santé des parents ;
- les premières années de l'enfant et l'adolescence ;
- un soutien social perçu comme faible ;
- le stress lié aux revenus du foyer ;
- un sentiment d'impuissance.
2. Prévenir
S'il reste incompris par l'entourage, les effets du burn-out peuvent isoler l'individu, aggravant la situation.
Imaginez...
Deux personnes marchent sur une plage à marée basse.
Elles sont bien au sec, les pieds sur le sable.
Tout à coup, l'une des deux dit qu'elle s'enfonce.
Impossible ! Crois la deuxième. Puisqu'elle est au sec, l'autre l'est forcément.
Et pourtant, la personne continue à s'enfoncer.
Face à l'incrédulité de son acolyte ; elle s'énerve, crie, se sent abandonnée.
C'est ce qui peut se passer entre l'individu en burn-out (en difficulté en général) et son entourage.
Pour comprendre, il suffit de savoir que cette plage, qu'est la vie, cache parfois des sables mouvants.
Tomber dans les sables mouvants n'est pas une marque de fragilité, d'exagération ou de fainéantise.
Parfois, rester au sec, c'est juste avoir de la chance.
Détecter les signes
Le burn out se manifeste de multiples façons selon les individus :
- Manifestations émotionnelles : anxiété, instabilité d'humeur, manque d'entrain, hypersensibilité, irritabilité.
- Manifestations physiques : tensions musculaires, troubles musculo-squelettiques, crampes, maux de tête, migraines, vertiges, troubles gastro-intestinaux, infections plus fréquentes (rhume, grippe, sinusite), fatigue persistante, problèmes de peau.
- Manifestations cognitives : inattention, pertes de mémoire, troubles de la concentration, indécision, confusion, incapacité à réaliser des tâches jusque-là maîtrisées.
- Manifestations comportementales : agressivité parfois jusqu'à la violence, repli sur soi, isolement social, absence d'empathie, addictions, boulimie, anorexie.
- Manifestations liées à l'attitude : baisse de motivation, baisse de confiance en soi, doutes sur ses compétences, dévalorisation, désengagement, perte de sens lié au travail.
Ces manifestations sont plus ou moins importantes et, le plus souvent, progressives. Elles touchent l'intéressé-e dans plusieurs aspects de sa vie, professionnelles comme personnelles, jusqu'à mettre en danger sa santé et son équilibre de vie.
Déjouer les a priori
Avez-vous déjà entendu : “ Untel est en burn-out."
suivi de “ De toute façon, il/elle ...
- est fragile ;
- s'écoute trop ;
- exagère toujours ;
- a toujours un pet de travers ;
- n'a jamais su gérer son stress.” Etc.
Ces a priori rassurent. Ils permettent d'expliquer l'incompréhensible.
Comme des pensées magiques, les idées reçues protègent l'individu secrètement effrayé par un phénomène. Elles font taire la petite voix qui murmure :
- je ne comprends pas ;
- je ne sais pas quoi faire ;
- pourvu que ça ne m'arrive pas !
Le hic ? L'incompréhension se creuse, l'isolement s'accentue et le risque de contagion augmente.
Oui, le burn-out peut être contagieux.
Symptômes contagieux
L'individu est moins capable de s'occuper ou de se préoccuper des autres quand il est lui-même en difficulté physique, psychique et/ou émotionnelle.
Le burn-out devient contagieux quand :
- l'incapacité de l'intéressé-e à réaliser ses tâches augmente la charge de travail de son entourage (professionnel ou familial) ;
- l'agressivité, le manque d'empathie ou le repli sur soi dégradent les relations ;
- les manifestations du burn-out suscitent un sentiment d'impuissance chez les collègues et les proches qui ne comprennent plus l'intéressé ;
- les arrêts de travail mettent en danger l'équilibre financier de l'entreprise ou du foyer.
Charge de travail, tensions relationnelles, sentiment d'impuissance et incertitude financière ; ces facteurs de risque du burn out se reportent sur les proches.
Aussi bien en entreprise quand il s'agit d'un collègue ou d'un dirigeant, qu'en famille quand il s'agit d'un conjoint ou d'un parent.
Plus la société sera sensibilisée au burn-out, à ses signes, ses facteurs de risque et sa prise en charge, plus il sera facile de limiter ses effets, tant individuels que collectifs.
Pour le bien-être de chacun.
3. Accompagner
Rôle de l'entourage
Face à quelqu'un en burn-out, il faut savoir que :
- La personne en burn-out s'en aperçoit rarement d'elle-même.
- La personne en burn-out ne voit plus le monde de la même manière. Les hormones du stress ont "court-circuité" son cerveau.
Le rôle de l'entourage professionnel et personnel est donc déterminant. Il peut :
- alerter ;
- prévenir l'escalade ;
- inciter à se faire aider ;
- orienter vers des personnes ressources ;
- soutenir.
Diagnostic, traitement et prévention
Le diagnostic du burn-out relève du médecin.
Bien que ce ne soit pas une maladie en tant que telle, il peut être associé ou confondu avec une pathologie.
Sa prise en charge nécessite le plus souvent un arrêt de travail et parfois un traitement.
Le médecin traitant et le médecin du travail sont souvent les premiers à établir le diagnostic.
La consultation d'un-e psychologue s'avère ensuite précieuse pour comprendre “comment on en est arrivé là?” et trouver des solutions.
L'accompagnement vise à :
- traiter les symptômes ;
- comprendre les causes du burn-out (causes propres à chacun) ;
- reconstituer les réserves d'énergie ;
- prévenir la récidive en concertation avec la médecine du travail.
Une charge adaptée aux capacités du moment de chacun, en accord avec ses valeurs, dans un environnement relationnel sain, avec une juste reconnaissance morale et financière seraient les clés du bonheur au travail.
4. Apports du shiatsu
Avec un rôle reconnu dans le domaine de la prévention et de la détente, le shiatsu s'impose dans la prise en charge des effets du stress.
Aujourd'hui, c'est le 1er motif de consultation à mon cabinet, avec un nombre croissant de burn-out.
Face au stress et à l'épuisement, le shiatsu aide à :
- soulager les symptômes physiques et émotionnels ;
- se ressourcer en profondeur ;
- reconstituer les réserves d'énergie.
Ces résultats s'expliquent par l'effet du shiatsu sur :
- la régulation du système nerveux ;
- la libération d'hormones de régulation du stress (notamment l'ocytocine) ;
- la détente musculaire.
En allégeant le corps et l'esprit, le shiatsu permet à l'organisme d'accéder à ses propres capacités de guérison.
Pratiqué en complément de la prise en charge médicale et psychologique du burn-out, le shiatsu aide l'individu à se retrouver et à retrouver confiance en lui.
5. Retour d'expérience
Au-delà du soutien psychocorporel offert par le shiatsu, j'observe que celles et ceux qui se sortent le mieux d'un burn-out :
- s'entourent de professionnels de santé compétents ;
- travaillent sur les causes de leur burn-out ;
- prennent du repos ;
- cherchent un équilibre entre activités physiques et mentales ;
- sont accompagnés dans leur maintien ou leur retour au travail.
Collègues, managers, proches, professionnels de santé ; chacun a son rôle à jouer dans la prévention et l'accompagnement du burn-out.
N'attendez pas pour prendre soin de vous ou de vos proches.
Un climat d'écoute, de bienveillance et de soutien constituent le terreau indispensable à l'individu pour reconstituer ses forces et se retrouver après un burn-out.
Écouter avec une attention bienveillante, c'est être prêt-e à recevoir "ce qui sort, comme ça sort" sans jugement, ni comparaison.
C'est un exercice d'équilibriste auquel le burn-out invite, en interrogeant chacun sur sa propre disponibilité à l'autre et à lui-même.